Les guides qui dirigent les barques à la perche (la pigouille) dans le Marais poitevin sont désormais assimilés à des pilotes de bateaux de croisière. L'application stricte des directives européennes exige donc qu'ils soient titulaires de l’ASP (Attestation Spéciale Passagers).
Là où ça coince, c’est qu’un titulaire de l’ASP doit attendre d’être majeur pour être officiellement diplômé, et autorisé à transporter des passagers. Question d’âge limite de la responsabilité légale. Or la plupart des "pigouilleurs" ont moins de 18 ans, par tradition, et surtout pour raisons économiques. Leur activité se résume en effet aux deux mois d’été et aux week-ends de la belle saison...
Les bateliers maraîchins réclament un aménagement des dispositions du texte. Ils se battent - avec le soutien du CAF (Comité des Armateurs Fluviaux) dont la plupart sont membres - pour ne pas être privés d’environ 150 de leurs 200 guides déjà recrutés pour l'été. Le secrétaire d'État aux Transports, Dominique Bussereau, lui-même poitevin (et président du Conseil Général de la Charente Maritime), devrait comprendre leur préoccupation. Du moins ils l'espèrent.
D'ailleurs, disent-ils, il existe déjà un régime spécifique au Marais Poitevin, avec une version allégée de l’ASP, et une formation gratuite sur la sécurité. Les jeunes « pigouilleurs » sont ensuite formés, puis encadrés par des pilotes aguerris.
Est-il raisonnable, en effet, de comparer les conditions de navigation dans les paisibles conches de la "Venise verte", avec celles des grandes voies d'eau où, soulignent-ils, des adolescents en possession du permis fluvial peuvent piloter dès 16 ans ?