Le 6 avril, « Dumnacos », un gabarot de Loire - réplique des bateaux qui naviguaient sur la Loire et la Maine dans la seconde moitié du XIXe siècle - a été mis à l’eau à la Ménitré (Maine-et-Loire), en présence de près de 300 personnes. Conçu pour être habité, le bateau se déplacera sur le fleuve royal au gré des fêtes de Loire et des manifestations du patrimoine fluvial.
Les gabarots transportaient autrefois vins, fruits et autres chargements sur les bassins de la Loire et la Maine. S’ils présentent - Loire capricieuse et sableuse oblige - le fond aussi plat que celui de leurs cousines les gabares, ils en diffèrent par leur structure à trois clins, leur nez légèrement relevé et un tableau arrière incliné mais droit. Contrairement aux gabares qui sont équipées d’une piautre, ils portent un gouvernail à ferrures qui peut se replier le long de la bordée arrière.
Le Gabarot de Loire commandé par Jacques Manceau, président de l’association La Gabare Angevine, à
Eric Szczuczynski (Menuiserie de la vallée, à Fontaine-Guérin) est la reproduction d’un modèle de 1860. Ses plans ont été reconstitués à partir de cartes postales et de documents anciens. En plus du menuisier compagnon du tour de France, quinze corps de métier sont intervenus sur le chantier.
François Ayrault, (l'autre, bien sûr !), spécialiste de la marine ligérienne et attaché au musée de Conflans-Sainte-Honorine, en a été l’architecte. «
Tous les détails ont fait l‘objet de longues recherches par des spécialistes. Ainsi, la corne de brume est un « carnyx
», une trompette de guerre gauloise d’1,5 m de haut représentant une tête de sanglier. Elle a nécessité plusieurs mois de recherches avant d’être réalisée par un dinandier » explique Jacques Manceau. La figure de proue a été sculptée à même l’étrave de bois et représente une Marianne. En haut du mat de 9 m, le guérouet sera la reproduction d’un guérouet de 1793 conservé au musée du Château des ducs de Bretagne à Nantes. Quant au nom du bateau, il fait référence à Dumnacos, chef de la tribu gauloise des Andécaves (Anjou), pendant la guerre des Gaules.
Long de 18,20 m et large de 4,70 m, le gabarot de Jacques Manceau a été conçu pour être habitable. Sa cabane de bois longue de neuf mètres abrite des couchages pour sept adultes et deux enfants. Surbaissée, elle doit donner l’impression que le bateau est lourdement chargé, mais offre cependant une confortable hauteur sous plafond de 2,10 m.
Mis à l’eau en grande pompe, parmi les bateaux de Loire rassemblés pour l’occasion, le Gabarot restera amarré quelques semaines à la Ménitré face à l’abbaye de Saint-Maur. Il devrait ensuite rejoindre Angers, son futur port d’attache. Très attendu par les amateurs de patrimoine batelier, le bateau est d’ores et déjà invité au prochain Festival de Loire à Orléans en 2013. Ses propriétaires espèrent bien qu’il sera classé d’ici là «
bateau d’intérêt patrimonial » par la Fondation du patrimoine maritime et fluvial.
NOTE => Pour contacter Jacques Manceau et son association, "La gabare angevine" : Tél : 02-41-66-63-52 / 06-80-92-16-16
jacques.gmanceau@orange.fr