Après la faillite, prononcée en novembre 2011, du
chantier naval wallon Vankerkoven situé en bord de Sambre, à Pont-de-Loup, en Belgique, les rumeurs de reprise sont allées bon train. Et c'est officiel depuis la fin de l'été : le
chantier naval Meuse & Sambre situé à Beez près de Namur, est le nouveau propriétaire du chantier Vankerkoven, par l'intermédiaire d'une société créée pour l'occasion, MS Vankerkoven.
L'annonce, en novembre dernier, de
la fermeture du chantier Vankerkoven avait été un coup de tonnerre dans le monde de la construction navale. Alors que l'entreprise, créée en 1961 par Alfred Vankerkoven, venait de fêter son
cinquantième anniversaire, la faillite, due autant à la crise qu'aux mauvais payeurs, laissait 42 ouvriers sur la berge et un sacré trou dans la carte des chantiers navals entre France et Belgique.
La reprise du chantier est donc un immense soulagement pour le monde fluvial. Pour Meuse & Sambre, qui rassemble désormais quatre chantiers, l'enjeu est aussi stratégique que patrimonial. "
Nous n'avions pas envie que ce chantier disparaisse avec son savoir-faire. L'implantation géographique est intéressante, nous nous rapprochons de la France, et la mise à terre bétonnée est très propre" explique Christian Laurent, directeur commercial de Meuse & Sambre, qui assurera désormais la direction commerciale du chantier MS Vankerkoven. Vincent et Sandrine Vankerkoven, qui dirigent depuis 2009 le chantier créé par leur grand-père, restent à la barre en tant que gérants mais la direction administrative sera dorénavant gérée au siège de Meuse et Sambre à Beez. Des dizaines d'ouvriers qui travaillaient sur le chantier, seuls quatre sont encore là. Côté technique, peu de changement si ce n'est l'abandon de la menuiserie, qui avait fait, pendant des décennies, la réputation du chantier.
Le carnet de commande du chantier MS Vankerkoven, fermé pendant dix mois, est encore vide, mais il devrait profiter rapidement de la dynamique de Meuse & Sambre. Parmi les commandes en cours, les chantiers travaillent en effet sur plusieurs gros projets. C'est d'abord l'assemblage du nouveau paquebot de
Croisi-Europe, le "Cyrano de Bergerac", destiné à naviguer sur la Gironde avec ses 110 m de long, ses trois ponts et ses 180 passagers. Au programme également, le remplacement des cales de deux bateaux dont un se fera justement au chantier MS Vankerkoven et le raccourcissement de bateaux de 110 m en 86 m. "
Vu la crise, les gros bateaux construits ces vingt dernières années sont en surcapacité. Les raccourcir permet de passer de trois à deux membres d'équipage et d'accéder à de nouveaux canaux" explique Christian Laurent. Enfin, prochainement, les concepteurs de Meuse & Sambre devraient plancher sur la construction d'une plateforme polyvalente de forage en Angola. Quant à la demande de travaux pour les bateaux-logement, elle reste stable.