L’écotaxe poids-lourds, née du Grenelle de l’Environnement, prévoit la taxation des poids lourds de plus de 3,5 tonnes sur le réseau routier national. Rarement mesure environnementale aura généré autant de demandes d’aménagements ; en particulier - on le comprend aisément - de la part du lobby routier.
Fait surprenant, en revanche, la dernière demande d’exonération en date est venue de six organisations de transporteurs fluviaux (
*) qui craignent que la taxe ait un effet pervers sur le coût du transport combiné.
Les six organisations signataires le 4 février dernier d’une lettre à Frédéric Cuvillier, ministre délégué chargé des transports, estiment que la mesure, censée rééquilibrer les tarifs de transport en faveur des modes fluvial et ferroviaire, peut, dans certains cas être carrément contreproductive. «
Lorsqu’on utilise un système de transport combiné, fluvial et routier, il y a toujours une petite partie de la chaîne, au début ou à la fin, qui est constitué de camionnage et dont le coût est très important dans le coût total » explique Dominique Drapier, secrétaire général de l’AFPI (l'Association française des ports intérieurs).
Pour les signataires, la taxation de ces trajets routiers de pré et post-acheminement risque de «
renforcer la compétitivité des services concurrents 100% routiers » par rapport au fluvial. Ils souhaitent donc que les transports routiers faisant suite ou précédant un parcours effectué par la voie fluviale ou par chemin de fer, soient exemptés du paiement de la taxe.
Le 11 février dernier, le projet de loi est passé en première lecture au Sénat. La demande d’exonération des transporteurs fluviaux n’a pas été retenue. Mais ils ne désarment pas pour autant : «
Nous continuerons à alerter sur l’effet pervers de la taxe dès que nous en aurons des exemples tangibles » souligne Dominique Drapier.
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L’Association française des ports intérieurs (AFPI), l’Association des utilisateurs de transport de fret (AUTF), le Bureau de promotion du short sea shipping (BP2S), le Comité des armateurs fluviaux (CAF), le Groupement national des transports combinés (GNTC) et Armateurs de France.
NOTE => Pour plus d’information sur la taxe poids-lourds et ses modalités de mise en œuvre, on peut consulter la note rédigée par le service des douanes : http://www.douane.gouv.fr/page.asp?id=4251. Néanmoins les travaux parlementaires et les récentes déclarations du ministre des Transports ont, une nouvelle fois, modifié la donne. Frédéric Cuviller vient d'officialiser, le 28 février, un nouveau report de cette écotaxe du 20 juillet au 1er octobre, et un abandon pur et simple de l'expérimentation alsacienne qui devait, elle, débuter le 20 avril...