Droits dans leurs bottes, les préfets d'Indre et Loire et du Finistère maintiennent leurs arrêtés de débarrages sur le Cher comme sur l'Aulne. Ils persistent, malgré la sécheresse, à laisser filer l'eau. Un gâchis qui consterne les collectivités riveraines, les agriculteurs et tous les usagers de l'eau.
En privé, les élus se plaignent du dogmatisme des "Oulémas" de l'ONEMA (l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques), car le but officiel de ces débarrages de printemps, exigés par l'
ONEMA, est de faciliter la migration des aloses et des saumons. Or, cette année, du fait sans doute de la climatologie exceptionnelle, les migrateurs ne se présentent pas, ou guère, à l'embouchure des deux rivières...
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Sur le Cher, le responsable technique du
Syndicat du Cher canalisé, Vincent Loison, estime que "
la photo (ci-dessus)
de la passe à poissons de Ballan-Miré - à sec et donc inutilisable - aurait dû éviter bien des polémiques". C'était le 5 mai dernier, et il n'y avait déjà plus assez d'eau, à la jonction du Cher avec la Loire, pour permettre la remontée des aloses (cf : la
Lettre d'information des "Amis du Cher Canalisé").
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Sur la branche Ouest du canal de Nantes à Brest (l'Aulne canalisé), le "
Syndicat Mixte d'Aménagement Touristique de l'Aulne et de l'Hyères" (SMATAH) a accepté, du bout des lèvres, de renouveler l'expérience de "débarrage progressif" imaginé par l'ONEMA. Il s'agissait d'abaisser les barrages de 5 biefs en 5 biefs, par périodes d'une quinzaine de jours, en remontant vers l'amont dans le but d'accompagner la migration. "
Ou plutôt l'éventuelle migration, car l'ONEMA ne s'est pas donné les moyens de contrôler efficacement la présence ou l'absence des migrateurs", regrette Christophe Hériaud, directeur du SMATAH. Seuls chiffres disponibles et incontestables : ceux de
l'observatoire aquatique de Chateaulin, au dessus du dernier bief aval de la rivière canalisée. L'an dernier on y avait noté le passage d'un seul saumon au printemps !, cette année, en revanche, il en est passé 47... Mais, dans le même temps, la société de pêche locale annonçait la prise de 46 saumons (!).
En conséquence, l'eau baisse mais le ton monte le long du Cher et de l'Aulne.
Le "Télégramme" rapporte un "mécontentement général",
les Amis du Cher Canalisé fourbissent leurs arguments, et le vice-président de l'association "
Canaux de Bretagne",
Kader Benferhat, redit les raisons de son opposition à tous ces débarrages.
Alors, si la canicule et les préfets persistent, les élus des communes riveraines pourraient bien finir par monter défendre leurs barrages, ceints de l'écharpe tricolore, comme on monte aux barricades !
NOTE => Pour l'
Agence de l'eau Loire-Bretagne qui soutient et finance les actions régionales de l'ONEMA, le terme de "débarrage" est impropre et il conviendrait de lui substituer celui d'"effacement".
Et bien, non ! il n'en est pas question. Ici, à FLUVIAL, ce mot "effacement" sera désormais considéré comme un gros mot.
On n'"efface" pas d'un trait de plume des siècles de labeur et d'ingéniosité. Et le mot est d'autant plus injurieux qu'il sous-entend qu'on veut non seulement détruire mais éliminer toute trace de ces ouvrages...