En République démocratique du Congo (RDC), un pays grand 4 fois comme la France, mal équipé en routes et en voies ferrées, le fleuve Congo, qui relie les deux plus grandes villes, Kinshasa et Kisangani, est une voie de communication majeure pour les personnes comme pour les marchandises. Pourtant l'absence de balisage et le mauvais état de la flotte continuent, mois après mois, à produire un nombre effroyable de naufrages et de morts. Le gouvernement congolais et la "troïka" qui réunit les investisseurs américains, belges et français, ont pris conscience de l'urgence d'agir.
Des bateaux inadaptés, dépourvus de signalisation, rapiécés de bric et de broc, véritables cercueils flottants, des pilotes inexpérimentés et un balisage quasi-inexistant. Toutes les conditions sont réunies pour que les passagers qui embarquent, parfois pour des semaines, sur des barges, des pirogues ou des "baleinières" surchargées, n'en reviennent pas tous. En décembre 2014, 200 personnes ont péri quand une de ces baleinières a heurté une roche près de Yaboya. Le 9 février, une centaine de personnes a trouvé la mort dans l'incendie d'une baleinière à Lokutu. Toujours en février, une collision entre deux bateaux causait plus de 100 morts. Le bilan humain est d'autant plus grand que les bouées sont rares et qu'une grande partie de la population ne sait pas nager.
Ces naufrages à répétition pourraient finalement avoir eu raison de l'inertie des autorités. En avril dernier, le gouvernement congolais a décidé la construction de nouveaux bateaux pour les passagers et les marchandises. Le projet, appuyé sur des partenariats entre Etat et transporteurs fluviaux, a été approuvé par la "troïka stratégique", qui réunit les autorités financières américaines, françaises et belges. Dans la foulée, un partenariat entre la RDC et la République du Congo (Congo-Brazzaville) vise la mise à jour des cartes de navigation. Des relevés hydrauliques et hydrométriques ont été réalisés sur le fleuve et ses deux principaux affluents, l'Oubangui, et la Sangha.
Ces mesures ne feront pas disparaître les cimetières flottants du Congo, ni ne mettront fin à la corruption généralisée qui prévaut dans le domaine fluvial, mais, si elles sont réellement mises en œuvre, elles pourront peut-être permettre d'éviter de nouveaux drames humains.
NOTE => Le reportage "Voyageurs au fil du Congo" produit par Jean-François Perigot en 1990 a beau dater un peu, il montre une image malheureusement toujours d'actualité et parfaitement effroyable de ces transports de passagers dans des barges ou des baleinières sur un fleuve aussi gigantesque que dangereux (28 minutes).
RAPPEL => ...Mais on peut aussi s'interroger sur ce qu'll est advenu des 50 milliards de CFA accordés au Congo et au Centre-Afrique par l'Union européenne, en 2007, pour sécuriser leurs voies navigables (cf : "Pour des fleuves africains navigables" - FLUVIAL n°172 - mai 2007)