Des journées comme celle de Montargis sont dures à oublier. Tous ceux qui viennent soutenir
Nathalie Benoit dans son effort participent à leur manière à la réussite du défi. Plus nous avançons, plus les applaudissements spontanés jaillissent des berges, comme ceux de cet homme qui a interrompu d’un coup la tonte de sa pelouse sur son minitracteur vert et s’est précipité au bord du canal en criant son soutien.
Sur le canal (nous sommes sur le canal de Briare, maintenant), les encouragements viennent des bateaux croisés, des promeneurs sur les berges, ou de quelques-uns qui se sont déplacés spécialement aux écluses. C’est un peu comme s’il y avait devant nous un chat botté invisible aux bottes de sept lieues, qui annoncerait aux populations la venue prochaine de la marquise de Carabas.
En ville, ou aux écluses, tous veulent savoir quand nous passerons à tel ou tel endroit, pour y être. Les clubs d’aviron y sont pour beaucoup, bien sûr, et les accueils sur les quais des villages sont si gentils, si chaleureux, que l’on sent un élan incroyable vers cette petite femme aux cheveux courts et au sourire craquant qui se déplace en fauteuil ou en béquilles lorsqu’elle sort de son skiff.
Ce soir nous étions invités par l’Aviron giennois à un buffet à la bonne franquette à l’Etang de la Gazonne. Or Nathalie voulait faire un peu plus de trajet aujourd’hui, et nous avons poussé jusqu’à Ouzouer-sur-Trézée (Loiret), 6 km plus loin. Tous les membres ont déplacé les tables et les victuailles jusqu’au port de la petite ville, et nous avons quand même pu dîner ensemble.
Dans le port, un grincheux britannique, qui refusait d’interrompre son repas pour avancer son bateau de quelques mètres afin de nous faire un peu de place, s’est vu vertement remettre à sa place par un plaisancier belge bien sympathique. La cinquantaine de personnes qui étaient là pour accueillir Nathalie n’en est pas encore revenue.
Jean-François Macaigne (POUR FLUVIAL)