Curieusement, ce ne sont pas forcément les journées les plus légères en navigation qui sont les moins fatigantes. Ce soir,
Nathalie Benoit était vidée. Trop d’émotions, probablement. Aujourd’hui, c’était télé, Montargis (Loiret) avec une majuscule, et Fête de la musique. Cela fait beaucoup, même pour une athlète.
Les équipes de TF1 et de France 3 sont arrivées en fin de matinée à Cepoy, où nous étions depuis la veille, en bordure de ce carré d’herbe communal. Le député-maire de Montargis, Jean-Pierre Door, et le maire de Cepoy, Jean-Paul Schouleur, étaient là aussi, pour "faire" quelques écluses avec nous. À situation exceptionnelle, préparation inhabituelle : nous avions rangé les cabines, nettoyé le pont, tenté de faire reluire ce Vision sur lequel nous naviguons depuis une semaine déjà. Le temps passe vite lorsqu’on est dans l’aventure.
La télé a embarqué sur le bateau des pompiers, et nous avons eu l’honneur de transporter MM. Door et Schouleur. Devant nous ramait Nathalie. Aux écluses, le député-maire tenait l’écoute arrière. Nous avons traversé les faubourgs de Montargis, et il s’est transformé en guide. Comme il m’avait avoué sa passion pour le motonautisme, je lui ai laissé tenir le joystick pendant quelques minutes. Puis comme il commençait à pleuvoir, je lui ai prêté ma vieille casquette irlandaise avec laquelle je navigue depuis 10 ans. Je crois bien qu’il était heureux.
Ensuite, ce fut l’apothéose. Plusieurs centaines d’enfants bordaient les quais de la Venise du Gatinais, comme est surnommée Montargis, avec ses petits canaux et ses maisons anciennes. Ils scandaient : «
Nathalie ! Nathalie ! » avec force banderoles et applaudissements, et je voyais sur le visage de notre championne s’élargir un sourire radieux. Je me trompe peut-être, mais je crois bien qu’elle a essuyé une larme.
Jean-François Macaigne (POUR FLUVIAL)