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Défi PLMR |
Les 300.000 coups de rame de Nathalie Benoit (15e et 16e jour) |
2013-07-01 - 10:41 |
Depuis ce matin, le temps est bruineux, humide, pénétrant, désagréable, et pourvu de tous les qualificatifs les plus désagréables que vous pouvez imaginer. Bref, il fait un froid de gueux, et je pilote avec quelques épaisseurs les unes sur les autres, engoncé dans une parka avec une capuche trop grande… stop ! La jeune femme qui rame à quelques mètres devant l’étrave a probablement autant froid que moi...
Cela dit, elle rame, alors que je suis dans une immobilité quasi absolue sur mon siège, essayant de remuer le moins possible ce corps qui se transforme lentement en glaçon. Fin juin. C’est invraisemblable. Elle, elle rame, imperturbable, avec la régularité d’un métronome. Cette température automnale ne l’affecte pas. Elle se déplace sur l’eau avec la légèreté et la grâce d’une araignée d’eau. Comment fait-elle ?
Une paire de bateaux de plaisanciers tire la route avec nous depuis Châtillon-Coligny (Loiret). Nous allons dans le même sens, jusqu’à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire), et nous nous dépassons les uns les autres au gré de leurs visites et de l’avance du skiff. Ce sont à chaque fois des retrouvailles de voyageurs du fleuve que nous sommes, chacun dans son genre. Les amitiés se sont nouées avec Scorpion, d’Henri et Lucette, et Ondine, de Claude et Marie-Claude. Ils sont admiratifs devant l’exploit de Nathalie, et l’encouragent à chaque fois que nous les croisons. Ils sont la caution des plaisanciers, de tous ces gens du voyage aquatique, qui connaissent la valeur de l’effort et du dépassement de soi. Nous les avons retrouvés au petit port des Vanneaux, où attendait aussi une surprise pour Nathalie : l’entraîneur de son club marseillais le Cercle d’aviron de Marseille, Pierre Maddaloni. « Elle est manifestement en pleine forme », m’a-t-il confié. « Avec l’entraînement qu’elle prend tous les jours, si elle avait une compétition en ce moment, personne ne pourrait l’approcher… »
L’accueil et les encouragements des plaisanciers, de tous ceux qui vivent sur les canaux est extraordinaire. Ils sortent de leurs timoneries, de leurs carrés pour nous voir passer, et encouragent Nathalie en applaudissant. Des gens stoppent leurs voitures sur les ponts, d’autres s’approchent du canal, de proche en proche. Comment savent-ils que Nathalie va passer ? Attendent-ils depuis longtemps ? Toujours est-il qu’ils sont là, la connaissent, sont au courant des détails de son parcours. Tout à l’heure, un sénior en roller et un petit groupe de cyclistes l’ont apostrophée depuis la berge, un peu avant Pierrefitte-sur-Loire (Allier). « Bravo Nathalie, c’est bien ce que vous faites ! On va vous accompagner un peu. On vous suit sur Internet, et on voudrait participer un petit peu. » Ils nous ont suivis jusqu’à Pierrefitte, et sont repartis. Juste comme ça. Parce qu’ils croient que le message que délivre la championne est juste et bien, et qu’ils veulent en être. C’est rassurant de savoir que ceux qui voient avec leur cœur se joignent au voyage.
Jean-François Macaigne (POUR FLUVIAL)
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