Pour ne pas changer, il pleut. C’est devenu habituel. Bien au chaud dans le carré en préparant son petit-déjeuner (tartines au miel et jus de fruit),
Nathalie Benoit décrit son trajet de la veille, entre Marseilles-lès Aubigny (Cher) et Nevers (Nièvre) : «
Du vert. Du vert. Je vois du vert la majeure partie du temps. C’est assez monotone. Je suis la rive des yeux et réalise parfois que ça tourne brusquement, comme en arrivant à un pont. En fait, je ne vois pas grand-chose du paysage. Et cette pluie détrempe tout. Je vais mettre le K-way aujourd’hui.
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Et la forme ?
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Ça va. Quelques courbatures, mais ça va. Je récupère moins bien qu’au début, mais ça va. ».
En fait Nathalie est surprenante. Personne ne sait d’où elle tire ses ressources, mais elle avance à un rythme incroyable, quelle que soit la météo, pourtant exécrable ces jours-ci, et se paye même le luxe d’arriver en avance sur l’horaire, ce qui désole un peu les comités d’accueil...
En sortant du port de Nevers, le skiff encore sur le pont du "Vision Le Boat", nous sommes tombés sur un Néerlandais irascible qui ne voulait pas partager «
sa » bassinée à l’écluse. Tout le monde en a pris pour son grade, en premier l’éclusier Voies navigables de France, puis nous, qui osions accaparer une partie des 40 m de l’écluse avec lui. Son bateau devait mesurer dans les 13 m, nous 15, faites l’addition, il en restait. Pourtant, cet homme n’était pas tranquille. Il jetait des coups d’œil furtifs à l’arrière pour voir si nous ne le touchions pas. Il aurait dû regarder devant, cela l’aurait empêché de heurter les bajoyers violemment plusieurs fois…
L’étape d’aujourd’hui devait s’arrêter à Avril-sur-Loire. Il fallait néanmoins faire un arrêt au stand Le Boat à Decize, quelques kilomètres plus loin, pour réviser en quelques heures le Vision, parti depuis plus de 5 semaines de cette même base Le Boat. Nathalie a donc décidé de forcer un peu sur le kilométrage pour ne pas avoir à revenir en arrière, et de rallier Decize le soir même. Nous avons donc avancé à rame forcée, et déjeuné sur le pouce. Nathalie a mangé une purée de pomme de terre dans l’intérieur même de l’écluse de Jaugenay (PK 89,7), et a continué sa route sans s’arrêter plus longtemps.
Nous sommes arrivés vers 16 h 30. En avance, encore. À la base Le Boat, tout le monde s’est empressé autour de nous pour nous rendre un bateau immaculé et entièrement révisé, des chambres nettoyées, du linge propre, en un temps record. Ensuite, nous sommes passés aux choses sérieuses. Les crêpes sont apparues, le cidre aussi, et nous avons tous partagé quelques moments de détente plus qu’agréables. Un retour au bercail pour le Vision, une visite de famille pour nous. Les bonheurs simples sont les meilleurs.
Jean-François Macaigne (POUR FLUVIAL)