Introduite en France en 1976, l'écrevisse de Louisiane, venue tout droit des Etats-Unis, colonise lentement mais sûrement les eaux stagnantes ou peu courantes. Sur le canal de Berry, la bestiole a tant proliféré que ses terriers ont causé un effondrement de berge en août 2011. Pour lutter contre cette invasive indélicate, apprenez à la reconnaître... et à l'assaisonner.
Les pêcheurs et les amoureux de l'eau connaissent déjà l'écrevisse américaine (
Orconectes limosus) qui colonise les milieux aquatiques européens depuis la fin du XIXe siècle. L'espèce est aujourd'hui bien plus courante que l'espèce endémique, l'écrevisse à pattes blanches (
Austropotamobius pallipes) mise à mal par la dégradation des milieux aquatiques. L'"Américaine" est aujourd'hui concurrencée à son tour par une nouvelle venue bien plus agressive, l'écrevisse de Louisiane (
Procambarus clarkii), originaire du Mexique et du sud-est des Etats-Unis. L'espèce se reconnaît aisément à ses pinces rugueuses ponctuées de taches rougeâtres.
L'écrevisse de Louisiane a été introduite en France, comme sa congénère, par des aficionados du crustacé mayonnaise, puis utilisée comme appât par les pêcheurs. Redoutablement résistante, l'espèce a rapidement proliféré. Une femelle peut pondre de 400 à 700 œufs deux fois par an, et l'adulte peut parcourir jusqu'à 4 km sur terre en une journée. Vorace et peu exigeante, elle modifie le milieu en prélevant larves, alevins et plantes, et creuse ses terriers dans les talus de berges. "
Ces terriers, qui peuvent atteindre deux mètres de long, expliquent la résistance de l'écrevisse qui s'y enfonce en cas de sécheresse, de gel ou de conditions défavorables " explique Julien Rousseau, chargé d'études naturalistes à
Sologne Nature Environnement.
C'est la superposition de dizaines de ces terriers qui a conduit, au soir du 18 août 2011, à la création d'une poche d'eau et à l'effondrement de dix mètres de berges du canal de Berry entre Noyers-sur-Cher et Châtillon-sur-Cher. "
Heureusement qu'il n'y avait ni bateau ni promeneur, témoigne Pauline Schaefer, secrétaire du
Syndicat Intercommunal du Canal de Berry,
la brèche a entièrement vidé un bief d'environ 4 km. Nous avons réagi très vite en posant un batardeau dans les heures qui ont suivi. Les travaux ont été réalisés dans les jours suivants pour un coût de 20 000 euros".
Depuis cet incident, gestionnaires du canal et organisations de pêche ont rassemblé leurs forces pour lutter contre l'écrevisse et un protocole d'action est en cours d'élaboration.
Si vous croisez l'écrevisse de Louisiane, sachez que le transport de ces écrevisses à l'état vivant est formellement interdit de même qu'il est interdit de la rejeter à l'eau quand elle a été pêchée. "
Si vous en attrapez une, le mieux est de la tuer", insiste Julien Rousseau.
"Pour cela, il suffit de tordre la partie centrale de la queue (le telson) et de tirer dessus pour arracher l'intestin.
Et puis, ainsi "châtrée ", l'écrevisse a bien meilleur goût", ajoute ce fin connaisseur...