Le problème de corrosion de la bâche métallique du pont-canal de Briare ne date pas d'hier. L'ouvrage a été créé en 1896... Après moult études et quelques tentatives d'interventions plus ou moins heureuses, Voies navigables de France (VNF) adopte un nouveau système pour contrer la corrosion : la "protection cathodique" couramment utilisée sur les plateformes offshore.
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Les tôles du pont-canal sont fixées par tant de rivets qu'il n'est pas envisageable de les changer, il n'y a donc pas d'autre solution que de combattre leur corrosion" explique Jacky Jeunon, adjoint à la subdivision VNF de Briare. Il y a quelques années, la bâche avait été renforcée par des tôles d'inox mais l'électrolyse qui s'est produite entre les métaux a bien failli empirer les choses avant que l'inox ne soit recouvert d'une peinture isolante.
C'est pourtant bien à un phénomène électrique que le pont-canal pourrait devoir sa sauvegarde. Le principe de protection cathodique consiste à imposer un courant dans l'eau du canal par l'intermédiaire de barres métalliques (six par travée) qui jouent le rôle d'anodes. Une fois polarisée, la structure cesse de se corroder tandis que les anodes, qui s'effritent tout au long de leur utilisation, assument le rôle de fournisseurs d'ions métalliques. La méthode adoptée par VNF, méthode dite des "
anodes à courant imposé" est un peu différente de celle dite à "
anodes sacrificielles" que nous utilisons le plus souvent pour protéger nos coques ou nos hélices. Mais le résultat est identique.
La méthode présente l'avantage d'être discrète. Le système installé sur le pont-canal est invisible quand le canal est en eau - et comparativement peu coûteux - 175.000 euros pour l'ensemble du pont-canal. À voir s'il parviendra à protéger durablement l'ouvrage...