C'est pour répondre à une demande du comité du Patrimoine mondial de l'Unesco que l'Etat a entrepris une procédure pour le classement des abords du canal du Midi. La définition du périmètre à classer, confiée aux DREAL (
*) Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, a fait l'objet de trois ans de consultations, de 2012 à 2014. Alors que le décret final est annoncé pour 2016, l'avis défavorable rendu en septembre par la commission d'enquête renvoie l'Etat dans ses buts. Selon les commissaires enquêteurs, le projet ne serait pas suffisamment accepté par les collectivités...
Un premier projet de périmètre à classer a été établi en 2010 après une vaste étude paysagère. Les fonctionnaires des DREAL Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon ont ensuite rencontré les élus des 90 communes concernées ainsi que les chambres consulaires. Souvent défavorables au classement, élus et agriculteurs craignaient de voir tous leurs projets d'aménagement bientôt bloqués. "
L'idée n'est pas de mettre le territoire sous cloche mais plutôt de favoriser un développement en bonne intelligence avec le paysage, explique Katia Bonningue, chargée de mission patrimoine mondial de l'Unesco à la DREAL Midi-Pyrénées. Le bord du canal doit être une vitrine, un écrin, et pas, comme il l'est parfois, une arrière-cour".
Le périmètre finalement établi après trois ans de consultations, de 2012 à 2014, a fait l'objet d'une enquête publique du 7 avril au 21 mai derniers. S'étendant de quelques mètres à environ 500 m du canal, le périmètre exclut les zones urbaines, les projets d'urbanisation déjà inscrits dans un document d'urbanisme et les zones d'activités. Une fois le décret final pris par le Premier ministre courant 2016, aménager des locaux d'exploitation agricole ou des "
installations de valorisation du bien", ports et haltes fluviales, sera toujours possible. Mais les porteurs de projet devront obtenir une "
autorisation spéciale de travaux", une obligation qui peut allonger de plusieurs mois les procédures administratives...
Les explications données par les fonctionnaires de l'Etat n'auront finalement pas réussi à rassurer les élus. C'est cette inquiétude qu'a retenue la commission d'enquête sur le classement des abords du canal du Midi qui a remis en juillet un avis défavorable au préfet de la région Midi-Pyrénées. La réponse de l'État n'interviendra qu'après les élections régionales, en janvier 2016
(*) Directions régionales de l'environnement, de l'aménagement et du logement