Réunion d’urgence avec les représentants des usagers, mardi 1er octobre, dans les locaux de Voies Navigables de France au quai d’Austerlitz à Paris, puis jeudi 3 octobre, à Béthune au siège de VNF. Après 37 jours de chômage cet été, la
réouverture reportée à fin octobre de l’écluse de Coudray, passage obligé vers la Haute Seine et ses ports très actifs, menace sérieusement la survie de bon nombre d’entreprises fluviales de transport : «
Certains d’entre nous sont déjà dans des conditions financières très affaiblies et critiques, comment voulez vous que nous supportions 70 jours d’arrêt de navigation sur la Seine ? », rappellera le syndicat de la batellerie, La Glissoire.
Mardi - avec le directeur adjoint du bassin de la Seine, Daniel Bascoul, qui explique comment la découverte inopinée d’amiante dans la tranche des portes de l’écluse avait contraint à arrêter le chantier - l’incompréhension et les récriminations sur l’absence d’anticipation font rapidement place à des échanges plus constructifs, face aux urgences.
Le report provisoire vers la route est vite écarté. Selon le CAF (le Comité des armateurs fluviaux) qui participait aussi à cette réunion avec la CNBA, (la Chambre de la batellerie artisanale) et deux affréteurs néerlandais, «
l'ordre de grandeur des chargements reportés serait de 20 000 tonnes de marchandises par jour - ce qui représente 800 camions ! ...Et, de toute façon, ils ne sont pas libres, car mobilisés par la campagne betteravière ».
Il a donc été décidé, puis confirmé dès la fin de la réunion, la réouverture de la seconde écluse en rive gauche (cette petite écluse du Coudray n’était pas fonctionnelle). Mais les travaux de remise en service - dragage et balisage du chenal d’accès - nécessiteront quand même une dizaine de jours. Et ce ne sera qu’une solution partielle puisque le tirant d’eau y est limité à 1,80m…
Restait la question cruciale des indemnités pour les pertes d’exploitation, crédits, et lourdes charges qui courent en période d’inactivité forcée. Les dispositions de 2007 les plafonnent sur la base d’un forfait aux modalités plutôt complexes. Elles ont été jugées inacceptables par l’ensemble des participants. Ils réclamaient un calcul « au réel » du chiffre d’affaires que leur activité aurait dû générer. «
Il nous faut des réponses précises », répétaient côte à côte Pascal Malbrunot pour la C.N.B.A. et Andy Fouquier pour le syndicat La Glissoire, «
Sinon, ce soir nos portables vont exploser ! ».
Ces réponses précises, ils les ont obtenues du directeur général de VNF, le surlendemain à Béthune. Marc Papinutti n’a pas hésité à leur ouvrir les portes de son Conseil d’Administration dont l’ordre du jour a été un peu chamboulé (il portait essentiellement sur le montant des péages en 2014, autre sujet de controverse !). «
Nous avons pu aborder nos problèmes de survie, en direct et franchement. Marc Papinutti nous a écoutés, et j’ai le sentiment que nous avons été entendus » nous rapportait l’un des participants. Un Avis à la batellerie a été publié dans la foulée. Intitulé "
Décision du directeur général" et corrigé à la main par son signataire, il précise les
mesures d'urgence adoptées le 3 octobre.