Changement de braquet pour l'ambitieux projet de canal à grand gabarit, Seine-Nord-Europe. On est passé, hier, de la réflexion à l'opérationnel. Mardi soir, 5 mai 2015, le député du Nord, Rémi Pauvros (
*), présentait officiellement ses recommandations : "
10 propositions pour réussir un projet majeur de relance de la croissance" (
**). Et le secrétaire d'État aux Transports, Alain Vidalies, qui présidait la conférence de Presse, a rappelé qu'il s'agissait du "
premier grand chantier d'infrastructure de transport de marchandise du siècle !". Premier coup de pioche annoncé pour 2017 avec une mise en service en 2023...
En attendant, Rémi Pauvros recommande :
1 - La
création d'un observatoire pour suivre, analyser et ajuster les objectifs du projet, en matière d'emplois, de compétitivité, de report modal, de respect de l'environnement... ;
2 - Une
gouvernance partenariale associant à l'Etat, l'ensemble des acteurs des territoires du réseau Seine-Escaut... ;
3 - Une
participation citoyenne à la programmation et à la préparation du chantier ;
4 - Une
conduite exemplaire du chantier en matière d'environnement et de transition énergétique ;
5 - Une
démarche "Grand-Chantier" du type de celle adoptée pour la construction du tunnel sous la Manche. Elle devra prévoir l'accompagnement des entreprises locales pour leur permettre de faire face aux besoins du chantier (13.000 emplois)... ;
6 - L'adoption d'un
plan "canal-Seine-Nord-Europe" pour préparer l'après chantier et ouvrir des perspectives de développement pérenne autour du tourisme et des aménagements locaux... ("
Un grand canal c'est un projet progressif. Le canal Albert en Belgique en est un bon exemple", rappellera R.Pauvros) ;
7 - Une
représentation commerciale coordonnée de ce réseau Seine-Escaut, sur le modèle d'HAROPA, pour veiller à la cohérence des aménagements et à l'égalité d'accès des chargeurs aux plateformes :
8 - La mise en place, dès juin 2015, d'une
équipe préfiguratrice conjointe État / Voies navigables de France / Collectivités, pour préparer la création début 2016 de la société de projet "Seine-Nord-Europe" qui assurera la maîtrise d'ouvrage du canal ;
9 - L'adoption d'un
cadre législatif pour permettre à la société "Seine-Nord-Europe" de bénéficier d'une redevance environnementale acquittée par les transporteurs routiers, via les péages autoroutiers du Nord ;
10 - L'élaboration en 2015 puis la signature en 2016 de
contrats territoriaux de développement, notamment pour la création ou l'aménagement des plateformes prises en charge par les collectivités ;
Quant au financement de ce grand canal au gabarit Vb (capable d'accueillir des convois de 3.000 à 6.000 tonnes - 185m x 11.40), l'optimisme prévaut désormais :
- Alain Vidalies dit attendre sans inquiétude, avant la fin du mois de juillet, l'engagement de l'Europe à financer 40% du projet, "
on est bien loin des 6% envisagés au départ, et, dès lors, la construction du canal entrera dans une phase irréversible...".
- À ses côtés, la Préfète de la région Picardie, Nicole Klein, confirmait que tous les conseils départementaux avaient maintenu leurs engagements de participation ; Les collectivités financeront donc, comme l'État, 22% du projet.
- Resteraient 700 millions d'euros à emprunter par la société de projet, pour clore un budget évalué aujourd'hui entre 4,5 et 4,8 milliards d'euros. Mais, et c'est la neuvième recommandation de Rémi Pauvros, l'instauration d'un surpéage, visant les poids lourds qui traversent la région, pourrait faciliter le remboursement de cet emprunt et modérer, en contre-partie, les coûts de transit sur le canal.
(*) => C'était la seconde mission confiée au député Rémi Pauvros pour relancer "Seine-Nord-Europe" : Le 11 décembre 2013, il avait déjà remis au prédécesseur d'Alain Vidalies, Frédéric Cuvillier, 7 propositions pour réduire les coûts de l'ambitieux projet et le ramener de 7 à 4,5 milliards d'euros.
(**) => Le rapport complet peut être consulté sur le site Internet du Secrétariat d'État aux Transports : Rapport de mission du député du Nord Rémi Pauvros.