"20 ans après"... mais ensuite ? D'emblée, au cours de la réunion de Presse du 1er juin, Alain Gest, le président de "Voies Navigables de France", s'est voulu rassurant : "
Nous n'avons pas l'intention d'abandonner un seul de nos canaux !" (Exit, donc,
le fumeux rapport Saint Pulgent qui préconisait la fermeture de pas moins de 27 canaux dont le canal Saint-Martin...). Puis, Alain Gest et Marc Papinutti, le directeur général de VNF, ont présenté les grands axes de leur projet de relance des voies navigables...
VNF veut asseoir ce projet de "relance dynamique" sur un solide trépied :
-1- L'intensification de la politique commerciale et partenariale de VNF au service des usagers et des territoires desservis.
(Les mesures préconisées visent toutes à "
améliorer l'efficacité des chaînes logistiques du transport fluvial", notamment dans les zones portuaires, et à "
développer les atouts socio-économiques, touristiques et environnementaux des voies navigables", au travers de multiples partenariats)
-2- L'optimisation des investissements réalisés pour un réseau modernisé et sécurisé à l'horizon 2018.
("
Faire face aux évolutions de trafic attendues, nécessite de renforcer la fiabilité du réseau" qui, ils le reconnaissent, en a bien besoin. Leur ambition est de passer d'un mode de gestion curatif à un mode de gestion préventif, et, "
au final, moins coûteux")
-3- L'adaptation de l'offre de service aux besoins des usagers et à l'évolution des trafics français et européens.
(Le projet distingue trois niveaux de service en fonction des usages. 24h/24 sur le réseau à grand gabarit ; 12h d'ouverture journalière pour le réseau "connexe" à petit gabarit, mais à vocation de fret ; et, pour le réseau secondaire à vocation touristique, une exploitation saisonnière avec 9h d'ouverture quotidienne, puis, hors saison, un passage à la demande).
Il n'est pas toujours facile d'avancer avec un œil sur les fins de mois et un autre sur la fin de siècle. Mais le tandem Gest-Papinutti fonctionne manifestement très bien et, tout semble lui réussir pour le moment :
- Lancement officiel de Seine-Nord ;
- Satisfaction affichée(
*) par François Patriat, le président de la région Bourgogne, qui gère depuis un an et demi les canaux bourguignons ;
- Budget d'investissements en forte hausse avec 840 millions d'euros de 2010 à 2013 et 2 milliards à l'horizon 2018.
Il reste néanmoins une sérieuse épine dans leurs chaussures : celle du transfert à VNF des 4.400 agents dépendant toujours du Ministère des Transports. Là, ce n'est pas gagné. Et, même si Alain Gest rappelle plaisamment que "
les fonctionnaires mis à la disposition de VNF portent déjà sur leur blouson, sur leur voiture et à la porte de leur bureau, le logo VNF, et qu'il ne reste donc qu'à le faire figurer en haut de leur feuille de salaire...", il va falloir encore un bon nombre de sassées avant de les convaincre.
Auparavant, pour obtenir l'adhésion des syndicats il aura, sans doute, fallu modifier le statut de VNF. Et donc abandonner l'actuel statut d'EPIC (Établissement public à caractère industriel et commercial) soumis au droit privé, pour adopter celui d'EPA (Établissement public à caractère administratif) soumis au droit public. Marc Papinutti a d'ailleurs évoqué la possible transformation de VNF en une "agence nationale". Le risque dans cette affaire, où les mots ont une grande importance, serait que VNF y perde son âme, et que l'appellation "Voies Navigables" soit jetée avec l'eau du bain EPIC...
(*) NOTE => Satisfaction très "ramollie" depuis le 21 novembre 2011, date à laquelle François Patriat, président de la Région Bourgogne, a clairement menacé de rendre ses canaux à VNF (
cf "Murmure" du 30/11/2011)