Fluvial - Février 2022

montée et les cigales s’en donnent déjà à cœur joie. Nous reprenons la route en observant les hérons garde-bœufs et les aigrettes qui défilent au-dessus de nos têtes. Au port de plaisance de St-Gilles, Vincent repart, tandis que Valérie et Thomas me rejoignent pour le week- end avec Margot et Théo. Les 2 enfants sont joyeusement excités de monter à bord. Ils visitent notre Nicols de fond en comble, installent leurs affaires dans la “cabane” et commencent une partie de cache-cache. À ma grande surprise, le bateau s’y prête plutôt bien. Quand nous démarrons après le déjeuner, Théo demande poliment si on ne peut pas aller plus vite. « Eh non, on va doucement sur les canaux, c’est ce qui est bien », répond sa maman. « Nous allons prendre un peu le temps de vivre. » Le reste de l’après-midi, Mar- got et Théo s’installeront pour lire ou dessiner avant de rejoindre le flying bridge pour copiloter avec leur papa. Avant Gallician (commune de Vauvert), nous croisons le bateau de commerce Fidelity . Il est si grand qu’il nous attire à lui avant que nous ayons fini de le croiser. Thomas devra accélérer, la barre tout à droite pour échapper à son attraction. Je vois mes 1 ers tau- reaux à droite avec leurs larges cornes pointues, et mes 1 ers flamants roses à gauche dans des étangs tout peuplés d’aigrettes et de goélands. Un peu plus loin, ce sont des chevaux camarguais en liberté, non loin d’une cabane de manadier dont le toit était autrefois couvert de chaume. Nous naviguons au milieu des marais et des cris d’oiseaux. Sous les portes du Vidourle Après l’embranchement d’Aigues- Mortes, nous commençons à chercher un endroit pour nous amarrer, un peu inquiets d’en avoir vu si peu depuis le matin. Les installations que nous avons croisées sont destinées aux bateaux de commerce et interdites à la plaisance. La rive droite est désor- mais constituée d’un talus sableux éboulé, et la rive gauche est armée de gros blocs de pierre. Nous finirons par nous arrêter juste devant les portes du Vidourle sur une berge de palplanches derrière un autre bateau Nicols, Joelsa . Ses propriétaires, Jacques Gauthier et Evelyne Teppe, nous aident à nous amarrer (voir encadré). À 22 h 30, dans le silence de la nuit, nous avons la surprise d’entendre d’abord, puis de voir, un bateau tout illuminé de spots multicolores. Sur la terrasse avant d’ Es- capade , une quinzaine de danseurs se contorsionnent au rythme de sons techno. Nous en restons un peu comme deux ronds de flan avant de nous mettre nous aussi à danser. Non mais. Vous naviguez en Bretagne ? Jacques Gauthier et Evelyne Teppe ont, à la mode des mariniers, fabriqué la devise de leur bateau, un Nicols de 11,60 m, en associant les prénoms de leurs petits-enfants. Bien qu’ils passent l’hiver dans la région lyonnaise, leur Joelsa est amarré à Belle- garde (Gard) depuis 6 ans. À son bord, ils ont fait plusieurs fois le “tour de France des canaux”, parcouru 15 000 km et passé environ 4 000 écluses. Leur rêve est maintenant de se faire prêter un bateau en échange du leur pour découvrir les canaux bretons. 1 - Cédric Vidal-Berenguel, coordinateur régional chez Le Boat et conseiller municipal en charge du port de St-Gilles (90 anneaux dont la moitié est occupée par la flotte du loueur). 2 - Nos petits moussaillons embarquent ! CROISIÈRE 1 2 Evelyne Teppe et Jacques Gauthier. 44 Fluvial n° 319

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