Il ne reste plus aucune trace matérielle des "
Barques de Poste" du canal du Midi. Elles ont pourtant fait la navette entre Sète et Toulouse pendant près de deux cents ans. Et, à l'avènement du chemin de fer, on n'en comptait pas moins d'une quarantaine en fonction.
Eh bien, une de ces "barques" est en train de renaître au Cairol (un lieu-dit du village d'Avèze dans le Gard). Robert Mornet en achève la construction, au fond de son jardin, sous une serre transformée en atelier...
Le jeune retraité y travaille depuis trois ans sans relâche. Il ambitionne de la faire naviguer hâlée par un ou deux chevaux assistés d'une propulsion électrique. Pour mesurer l’ampleur de la tâche, mieux vaut connaître le gabarit de ladite barque : 15 mètres et 20 tonnes ! C'est un modèle inédit, conçu par l'architecte naval Alain Dorado* à partir de plans, datés de 1818, et qui étaient conservés aux Archives du canal du Midi. Il s'agit donc d'une construction "moderne", en bois latté epoxy, conçue pour répondre aux exigences réglementaires des bateaux à passagers.
Sitôt le travail achevé, le "Cairol" sera acheminé en convoi exceptionnel, jusqu'au canal, pour une première croisière, inaugurale et festive, de Toulouse à Sète. Puis l'association "
Les amis de la Barque de Poste 1818" l'utilisera pour des parcours découvertes en traction animale. L'ambition est de faire vivre aux passagers une aventure "authentique" et de renouer avec cet ancien mode de transport (nombreux arrêts et tarification au kilomètre) ...
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Avec le concours du chercheur spécialiste de ce bateau bien particulier, Jean-Michel Sicard, le soutien du musée du canal du Midi, à Saint Ferréol, et celui des associations "Les Amis de la Barque de Poste 1818" et "Soroptimiste International" de Toulouse.
Note : Les "Barques de Poste" n’acheminaient pas que le courrier administratif du canal; elles transportaient aussi jusqu’à cinquante voyageurs qui payaient leur trajet au km parcouru, et pouvaient ainsi débarquer au plus près de leur destination finale. Le trajet de Toulouse à Sète durait quatre jours. Pour économiser l'eau et gagner du temps, on changeait souvent de bateau aux écluses. C'est ce qui explique le nombre élevé de "Barques" en circulation, à l'époque.