C'est reparti pour le canal Seine-Nord-Europe ! L'ambitieux projet de barreau fluvial paraissait pourtant bien mal barré... Mais c'était sans compter sur l'opiniâtreté du ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, et du député Rémi Pauvros qu'il avait chargé d'une mission délicate : reconfigurer le canal Seine-Nord-Europe "
pour en réduire le coût sans en changer les objectifs fondamentaux".
En 7 propositions, ce matin - mercredi 11 décembre à 9h - le député socialiste du Nord, qui remettait officiellement au ministre son
rapport de 220 pages, semble y être parvenu.
7 propositions, donc, pour soutenir la gageure de ramener le gigantesque projet à son prix d'évaluation initiale de 4,5 milliards d'euros HT. 7 propositions solidement étayées autour de 7 chapitres ayant pour thèmes :
-1 Une approche globale intégrant le projet dans le réseau Seine-Escaut ;
- 2 Une approche progressive répondant aux besoins du marché ;
- 3 Un aménagement durable privilégiant le partenariat ;
- 4 Le portage par une société de projet ;
- 5 La nomination d'un coordinateur national ;
- 6 Une gouvernance partenariale ;
- 7 Une politique de report modal vers la voie d'eau.
Concrètement, Rémi Pauvros préconise la réalisation, en priorité et au gabarit Vb, du tronçon central du canal (entre Compiègne et Aubencheul) avec une ouverture à la navigation entre 2020 et 2023, les travaux débutant entre 2014 et 2015. L'extension au gabarit Vb des deux extrémités (actuellement Va) étant réalisée par la suite. La principale économie porterait sur une réutilisation des 8 km de bief de partage du canal du Nord (entre Moislains et Havrincourt), et sur un abaissement de la hauteur du bief de 15 à 20m. Ce qui permettrait de supprimer une écluse et de réduire la hauteur de chute sur la plus grande écluse du projet.
Il reste maintenant à convaincre l'Union européenne de l'intérêt du dossier et de la pertinence de ses choix opérationnels et financiers. Mais l'affaire semble bien engagée depuis que Frédéric Cuvillier a obtenu l'assurance à Tallinn - le 17 octobre dernier - que le projet de canal Seine-Nord-Europe était éligible à un financement européen à hauteur de 40% du coût des travaux (on est bien loin des maigres 6% envisagés au départ !).
Résolument optimiste, Rémi Pauvros conclura sa présentation en affirmant : "
En avril le canal était derrière nous. Aujourd'hui il est devant nous !".
NOTE => Depuis 1996, l'Union européenne considère comme minimales les classes de gabarit supérieures à la classe IV (1.000 à 1.500 t). Les gabarits inférieurs, de 250 à 1.000 tonnes n'étant retenus que pour le "trafic national".
La classe "Va" accueille des automoteurs ou des convois de 1.500 à 3.000 tonnes (110m x 11,40m) ;
La classe "Vb" peut accueillir des convois de 3.000 à 6.000 tonnes (185m x 11,40m)