Voici, mois par mois, les principaux évènements fluviaux de l'année 2009.
On ne vous dit rien encore de tout ce qui vous attend en 2010
Mais, promis, on vous le racontera dans moins d'un an... (=> promesse tenue !)
On s’en souvient, l’année 2009 avait fort mal débuté : La glace paralyse la navigation ; la « crise » glace les initiatives. C’est l’angoisse qui prévaut. L’activité fluviale est gelée. Dans le Nord et dans l’Est, les bateliers qui ont la chance d’avoir du fret restent à quai. Avec plus de quinze centimètres de glace dans les biefs, les brise-glaces ont abandonné la partie. Tout le pays grelotte, et, le 8 janvier, l’accumulation de neige finira même par bloquer le fonctionnement du pont mobile de l’écluse de Port-Saint-Louis-du-Rhône. Une première ! ...
JANVIER 2009 -
Après la glace les crues
Puis le redoux libère un à un les canaux gelés et les crues succèdent à la glace, d’abord dans le Sud-Ouest où les embâcles d’une violente tempête interdisent toute navigation pendant plusieurs jours, puis dans le reste du pays. Les portes de garde se ferment une à une, et il faudra patienter jusqu’au 13 mars pour que la navigation puisse enfin reprendre sur la Sarre et le canal du Rhône au Rhin.
FÉVRIER 2009 -
Des bateaux ont souffert
Comme chaque année les bateaux ont souffert des intempéries : « D’argile et d’eau », le bateau du potier Francis Dumelié a failli sombrer en l’absence de son propriétaire. À Paris le « bateau-kiosque » a coulé, victime du gel. Il ne sera remonté de l’eau que 3 mois plus tard. À Laval les deux bateaux-lavoirs, seuls rescapés en France de ces bateaux mythiques, plongent au fond de la Mayenne à quelques jours d’intervalle. Quant à la « suceuse » de Charente, renversée par un vent violent, elle s’est retrouvée les pattes en l’air (ce qui fera beaucoup jaser, on s’en doute). La preuve, en tout cas, que les bateaux peuvent avoir des jambes, comme dit la chanson !
Mais le pire est à venir : En quelques mois d'hivernage, l'électrolyse ravage une dizaine de coques en acier, le long des pontons du port de Seurre, sur la Saône. Les dégâts constatés début avril, sont considérables. l'"Alice" - une vedette hollandaise de dix mètres - n'est plus qu'un gruyère; "On passe le pouce dans les trous »…
MARS 2009 -
Un milliard pour Seine-Nord-Europe
Entre temps, un autre « brise-glace » a redonné de l’espoir au « fluvial ». Le 3 février, la visite du Président de la République au barrage sur l’Oise de l’Isle-Adam s’est conclue par un discours programme comme on n’en avait plus entendu sur les voies d’eau depuis des décennies.
Nicolas Sarkozy martèle ses décisions : « des décisions, pas des promesses… » : un milliard d’euros pour la construction du canal Seine-Nord-Europe , une accélération des travaux de modernisation des infrastructures fluviales et la réouverture des dossiers Rhin-Rhône ou Moselle-Saône. D’humeur badine, le chef de l’État termine en citant Jean Jaurès : « C’est en allant vers la mer que le fleuve reste fidèle à sa source ».
AVRIL 2009 -
Un grand Paris jusqu’au Havre
Une conclusion qui ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd chez Antoine Grumbach. L’architecte, appelé à réfléchir sur l’avenir du Grand-Paris, remettra quelques jours plus tard au Ministère de la Culture son projet de grande métropole fluviale et maritime. Un projet qui englobe Le Havre, Rouen et Paris « dans une seule ville dont la Seine serait la grande rue ». Sans nul doute la plus originale des 10 contributions commandées par le Président.
MAI 2009 -
Une nouvelle gouvernance pour VNF
Au début de l’année, Voies-Navigables-de France a changé de gouvernance. Le charismatique patron de VNF, François Bordry, a fait valoir ses droits à la retraite, et il n’est pas facile de remplacer un homme dont la forte personnalité aura profondément marqué l’établissement pendant quatorze ans. Directeur de VNF, depuis 2007, Thierry Duclaux, ingénieur général des Ponts et Chaussées, a été confirmé dans ses fonctions le 10 février. Son rôle et les moyens mis à sa disposition sont considérablement renforcés. Nommé en Conseil des Ministres quelques jours plus tôt, Alain Gest, député de la Somme, devra se contenter de présider le Conseil d’administration.
JUIN 2009 -
Le marché fluvial du siècle…
Les grandes manœuvres peuvent commencer : Patrick Devedjian, ministre en charge du plan de relance inaugure à tout va. Le 3 avril, au barrage de Venette, le 23 avril au barrage de Chatou, il apporte sa pierre, la première, à la reconstruction des deux ouvrages, puis il passe la truelle à son collègue Dominique Bussereau, secrétaire d’État chargé des transports.
Le 16 mars, les Régions concernées par le projet « Seine-Nord-Europe » promettent leur participation financière. L’appel public à concurrence peut être lancé pour la construction puis la concession de ce canal à grand gabarit. Un canal de 106km de long, 54m de large, doté de 7 écluses de 190m et de 3 ponts canaux dont un de 1,3km au dessus de la Somme à Péronne. C’est le marché fluvial du siècle. Vinci, Eiffage, Bouygues, Sanef sont sur les rangs. Complexe, la consultation compétitive débutera au printemps 2010. Il est prévu que les travaux démarrent dans les premiers mois de 2012 pour une mise en service initialement prévue en 2015 mais dont tout laisse penser qu’elle sera reculée au moins d’un an
JUILLET 2009 -
…et les petits canaux qu’on laisse de côté
Ce projet grandiose et très attendu cache pourtant mal, hélas, une forêt de petits canaux à bout de souffle. « Renards » hydrauliques et ruptures de berges, ventelles coincées, buscs avariés, portes bloquées, bajoyers défaillants, envasement, effondrements, retardent ou interrompent trop souvent la navigation. 122 jours d’arrêt pour le canal des Vosges cette année, et un mouillage réduit à 1,60m pendant une bonne partie de l’été. Un record ! « Shceepvaartkrant », le journal néerlandais de la batellerie, y consacrera plusieurs pages (traduites en français) dans son édition du 22 juillet. Un cinglant réquisitoire. Et que dire du canal de Roanne à Digoin – « le canal du Midi … de la Bourgogne » - fermé à nouveau cette année, du 29 mai au 14 juillet, par une rupture de digue.
Que dire de la fermeture du pont canal de Vadencourt qui interdit depuis 4 ans l’accès au réseau français des plaisanciers belges, par la Sambre. Que dire encore de la fermeture de la Scarpe au pont mobile de Lallaing, immobilisé par les services de la navigation depuis des années. Que dire enfin de tous ces chômages, certes nécessaires pour l’entretien des canaux, et prévus de longue date, mais si fréquemment prolongés de quelques jours. C’était le cas, cette année, du canal de Bourgogne, du canal du Centre, du canal des Vosges (encore lui), du canal de la Marne au Rhin, de la Moselle, de l’Aisne et de son canal latéral. La liste des doléances n’en finit pas…
AOÛT 2009 -
Transfert aux Régions des canaux à vocation touristique ?
Cependant, de plus en plus de villes mouillées aménagent leurs quais (ce guide en apporte la preuve), et veillent à la qualité des eaux. À Montceau-les-Mines, depuis cette année, les trois ponts mobiles, orgueil de la ville, fonctionnent avec des lubrifiants biodégradables. Une « première » sur nos canaux. C’est incontestable, les collectivités se tournent résolument vers leurs voies d’eau. Mais elles hésitent encore à en assumer toute la responsabilité, car elles se méfient des conditions de transfert que leur propose VNF. Et il aura fallu de longs mois de négociations avant que la Région Bourgogne accepte, le 28 septembre, de reprendre la gestion de ses canaux pour une durée expérimentale de trois ans.
SEPTEMBRE 2009 -
La fête reprend ses droits…
Dès le retour des beaux jours, les fêtes nautiques ont à nouveau animé les rives, même quand, par endroits et plus particulièrement dans l’Est, cette année, la sécheresse a gêné la navigation : Portes ouvertes « dégondées » en Bourgogne, Pardon d’anthologie à Conflans-Sainte-Honorine. Le 400 ème anniversaire du « père » du canal du Midi, Pierre-Paul Riquet, né en juin 1609, sera le prétexte à de très nombreuses manifestations dont le point d’orgue mettra « à feu et à son » les huit écluses de Fonsérannes, l’ouvrage le plus spectaculaire du canal. À Savonnières, un Scute de Loire est glissé dans le lit du Cher. Une mise à l’eau médiévale, festive et jubilatoire, comme en sont coutumiers les « bateliers du Cher ». Le 23 septembre, ils rejoindront en flottille les 200 bateaux du traditionnel Festival de Loire, à Orléans. Quant aux 2.000 tonnes de sable extra fin de Paris-plage, elles auront été déposées sur les quais parisiens en un seul convoi fluvial à la mi-juillet.
OCTOBRE 2009 -
…et VNF se fait voler sa vedette
L’année n’aura pas été, non plus, avare en faits divers. Le « Clipper-Café », la péniche-discothèque de Viry, sur le canal de Saint Quentin, mitraillée en janvier est désamarrée en mars. Le 30 août, un inconnu se tue en tentant d’incendier le « Prétoria ». Le 15 octobre, le « Tasmanie » victime d’une avarie de barre, entre en collision avec un céréalier turc de 7.500 tonnes et sombre en quelques minutes au mileu de la Seine. Plus invraisemblable, encore, le 25 octobre, un jeune homme de 20 ans s’empare de la vedette ‘Rhône » de VNF avec l’objectif de rejoindre l’Angleterre après avoir remonté le Rhône ( !). Il sera rapidement interpellé et condamné à 4 mois de prison.
NOVEMBRE 2009 -
On avait craint le pire pour l’activité fluviale
Certes, le secteur fluvial n’a pas été épargné et les incertitudes pèsent encore lourd en fin d’année, mais la catastrophe a été évitée.
- Côté « tourisme fluvial », dans les grandes villes, les bateaux à passagers n’ont pas désempli. À Strasbourg, Batorama a même franchi un nouveau cap en 2009, avec 759.323 passagers.
Quant aux loueurs de bateaux habitables, s’ils avaient eu des sueurs froides en commençant l’année, leur bonne fin de saison les a rassurés . Ils réinvestissent même l’Île de France qui ne disposait plus d’une seule base de location. Les « Canalous » installent des bateaux au port de l’Arsenal, en plein cœur de Paris, et « Champ’s Marine » s’implante à Mareuil-sur-Ay . Mais, dans le même temps, « Rive de France » abandonne Saint Florentin sur le canal de Bourgogne et « Locaboat » quitte Cognac.
- Côté batellerie et « transport fluvial », en revanche, les difficultés sont palpables. Le prix du fret est en chute libre. Un effondrement sans précédent, avec une baisse de plus de 50% en un an…
Et il aura fallu toute la force de persuasion du rapporteur du Sénat pour que le fluvial bénéficie au même titre que les transport routier d’un abattement de 35% sur la future taxe carbone.
DÉCEMBRE 2009 -
Les politiques investissent les péniches
Pourtant, la "péniche" est à la mode. Droite ou Gauche, tous les partis, ou presque, ont recours à son image rassurante. Toute en rondeurs aimables, elle semble indestructible. Solidement amarrée mais prête à prendre le large s'il le faut, elle flotte... Symbole fort en période de tempête !
Même le Père Noël délaisse ses rennes et les cheminées pour débarquer avec une péniche à Bruxelles ou à Narbonne…
...Et jusqu'aux étudiants de Sciences-Po dont le site Internet s'enorgueillit d'une superbe péniche (
*). Mais, inutile de rechercher sur "www.peniche.net" la moindre allusion au "fluvial". Ça n'est pas au programme !
Et voilà, peut être, pourquoi on trinque sur les péniches pendant que la batellerie continue de trinquer !...
Philippe DEVISME & Patrick JOIN-LAMBERT (PhD/PJL)
(*) NOTE => La "péniche" est le surnom donné par les étudiants de Sciences-Po au très long banc en bois du hall d'entrée de leur bibliothèque.
Cette rétrospective est extraite du "Guide du Plaisancier 2010"
=> Un coup d'œil, maintenant :
- aux principaux évènements fluviaux de l'année 2014
- aux principaux évènements fluviaux de l'année 2013
- aux principaux évènements fluviaux de l'année 2012
- aux principaux évènements fluviaux de l'année 2011
- aux principaux évènements fluviaux de l'année 2010